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Pandamobil Tiefsee Titelbild
Au large, on plonge!

À la découverte des merveilles des grands fonds océaniques

Support pédagogique

Cadre et contenu du support pédagogique

Ce support pédagogique a été élaboré pour être utilisé principalement en marge de l’animation «Au large, on plonge!» du Pandamobile, destinée aux élèves de 1 à 6 H.

La visite du Pandamobile, avec son décor enchanteur, permet une immersion dans les fonds océaniques et une découverte de ce milieu naturel, normalement inaccessible, par nos sens. Ce monde est toutefois si vaste qu’il ne nous est pas possible d’aborder tous les sujets qui y sont liés en deux leçons d’animation. C’est pourquoi nous encourageons les enseignantes et les enseignants à approfondir ce thème fascinant avant et après la venue du Pandamobile.

La structure de ce support pédagogique et les activités proposées visent une progression de l’apprentissage dans le but d’acquérir les connaissances nécessaires pour réfléchir à la question centrale: Pourquoi est-il important de préserver les profondeurs des océans?

Afin de rester succinct, la partie théorique pour l’enseignant∙e a volontairement été limitée aux informations nécessaires à comprendre et expliquer les activités aux élèves.

Ce sont surtout les 200 premiers mètres en profondeur de la mer qui nous sont familiers: nous entendons parler des problématiques liées aux coraux et nous avons en tête des images de poissons colorés. Avec l’animation «Au large, on plonge!», nous avons décidé de donner aux enfants l’opportunité de se rapprocher d’un milieu moins connu, au-delà de ces 200 m, que les rayons de soleil n’atteignent plus et qui peut aller jusqu’à 11'000 m de profondeur. Les grands fonds océaniques, encore si peu explorés par les scientifiques, sont fascinants par leurs conditions extrêmes et uniques, ainsi que les animaux mystérieux qui s’y sont adaptés. Un milieu qui permet aussi de laisser une place à l’imaginaire.

Pour aider les enfants à se situer dans cet espace nouveau des grands fonds, nous proposons aux enseignantes et aux enseignants de 1-2 H de créer dans leur classe un coin aménagé «fonds océaniques», qui pourra être décoré au fur et à mesure des activités. Pour les degrés supérieurs, une illustration, à imprimer pour la classe est proposée. Cette dernière évoluera au fil des activités et des nouvelles connaissances acquises, avec l’ajout d’éléments ou des adaptations. Un imagier permet en outre de découvrir ou de revoir les espèces et les termes abordés.

Pourquoi aborder le thème des fonds océaniques en classe?

L’océan peut nous sembler lointain, depuis notre Suisse entourée de montagnes. Pourtant, nous y sommes liés et en dépendons. L’eau de nos glaciers vient de l’évaporation des océans, nos rivières s’y jetteront, le poisson que nous avons dans l’assiette en provient et nos biens ont souvent été transportés par bateau, pour ne citer que ces exemples. Partant des fonds océaniques, une multitude de sujets peuvent être abordés. L’eau est un thème passionnant et très présent dans l’apprentissage, tout au long des cycles scolaires. Elle pourrait même devenir votre thème du mois ou de l’année! On l’aborde en sciences de la nature (les phénomènes naturels liés à l’eau, le cycle de l’eau, les besoins et la diversité du vivant), en géographie (les milieux familiers comme les cours d’eau et les lacs, nos liens avec la mer, la consommation de l’eau), dans la formation générale (la pollution de l’eau, les déchets), et parfois aussi en français ou en histoire (les récits, les mythes), ou encore en mathématiques (les volumes). Le minage profond, la montée des eaux ou encore le traité sur la haute mer, par exemple, sont en outre des sujets de société d’actualité. La protection des océans et de la vie aquatique est une préoccupation non seulement du WWF, mais aussi de l’Organisation des Nations unies, qui l’a inscrite parmi ses 17 Objectifs de développement durable (ODD). Vous trouverez dans le dernier chapitre de ce support, les liens qui peuvent être faits avec d’autres thèmes de l’éducation en vue d’un développement durable.

Les liens avec le Plan d’études romand et les objectifs d’apprentissage sont en outre mentionnés pour chaque activité.

La durée de lecture du support théorique est de 1 heure environ et faire l’ensemble des activités prend entre 10 et 13 leçons.

Télécharger les activités

Support théorique pour les enseignantes et les enseignants

Sommaire:

  1. Que sont les grands fonds océaniques ?
  2. Qui a découvert les grands fonds et comment ?
  3. A quoi ressemblent les grands fonds ?
  4. Qui habite dans les grands fonds ? Comment y vivent ces êtres vivants ?
  5. Quelles sont les menaces sur les grands fonds ?
  6. Pourquoi est-il important de préserver les profondeurs des océans ?
  7. Que peut-on faire pour diminuer notre impact sur les grands fonds océaniques ?
  8. Liens avec les différents thèmes du développement durable.

Dépliez les chapitres en cliquant sur le «+», pour en savoir plus sur les grands fonds.

1. Introduction: Que sont les grands fonds océaniques?

La carte du monde de l'océanographe Athelstan F. Spilhaus place l'Antarctique au centre et montre ainsi les différents océans comme une seule masse d'eau: l'océan mondial. Avec cette perspective, la prédominance de l’eau sur notre planète apparaît clairement. En effet, environ 71 % de la surface de la Terre est recouverte d’eau. En d’autres termes, l’ensemble des continents et des îles peuvent être contenus sur la surface de l'océan Pacifique.

Pour les scientifiques, les grands fonds océaniques commencent à différentes profondeurs (200 m, 800 m ou 1000 m), selon les critères pris en compte. Nous nous basons ici sur les critères biologiques et désignons les grands fonds à partir de 200 m de profondeur, c’est à dire au point au-delà duquel la photosynthèse n’est plus possible en raison du manque de lumière. Après ces 200 premiers mètres, il n'y a donc plus de production de matière organique par les végétaux (le phytoplancton, comme les algues vertes et les diatomées).

Les grands fonds océaniques sont le plus grand espace de vie de la planète Terre. Ils représentent environ 75 % du volume des océans (1 milliard de km3) et près de 90 % des fonds marins (320 millions de km2). Mais les grands fonds sont aussi l’habitat le moins étudié. Les scientifiques estiment que deux tiers des organismes marins n'ont pas encore été découverts et qu’à peine un quart des fonds marins a été cartographié à ce jour. Au total, moins de 5 % des grands fonds ont été explorés. Le vieil adage selon lequel l'homme en sait plus sur la lune que sur les grands fonds est donc toujours d'actualité. Jusqu'à aujourd'hui, plus d’humains ont visité la lune que le point le plus profond de l'océan.

Les bienfaits de l’océan sur les êtres humains peuvent être représentés et mesurés par ses services écosystémiques. Voici quelques exemples qui illustrent le lien entre la Suisse et les océans:

  • La production d'oxygène: l'océan a produit, au cours du temps, une grande partie de l'oxygène que nous respirons aujourd’hui. Il assure la qualité de l'air en absorbant le dioxyde de carbone (CO2) et en libérant de l'oxygène.

  • Le cycle de l'eau: l'eau passe entre la terre, la mer et l'atmosphère par l'évaporation et la pluie. Chaque goutte que nous buvons a donc été en contact avec l'océan à un moment ou à un autre. En Suisse, les glaciers alimentent les cours d’eau, qui sont répartis dans les bassins versants de cinq fleuves européens: le Rhin et le Rhône, qui prennent leur source en Suisse, ainsi que le Pô, l'Adige et le Danube. A leur tour, ces cinq fleuves se jettent respectivement en mer du Nord, en mer Méditerranée, en mer Adriatique (le Pô et l’Adige) et en mer Noire.

  • Le climat: l'océan régule notre climat. Il freine les changements climatiques en absorbant une grande quantité de dioxyde de carbone (CO2) et la plus grande partie de la chaleur produite par l'effet de serre anthropique.

  • L’alimentation: l'océan est l'habitat et la nurserie d’une grande partie des poissons et fruits de mer que nous consommons.

  • Les voies de transport: 90 % du commerce mondial s'effectue par voie maritime. De nombreux biens de notre consommation quotidienne arrivent en Suisse de cette façon. Des navires de commerce d’entreprises suisses sillonnent en outre toutes les mers du globe.

  • Le tourisme: l’océan a une valeur touristique par les espaces de détente et de loisirs qui y sont créés.

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Illustration der Weltmeer-Karte

2. Développer les connaissances: Qui a découvert les grands fonds et comment?

 En 1521, Magellan est le premier à sonder la profondeur des océans en lançant une corde de 700 mètres dans le Pacifique. Cette dernière n’atteint pas le fond et fait preuve que les grands fonds s’étendent bien au-delà de cette mesure.
C’est en 1930 que William Beebe et Otis Barton se lancent à la conquête des profondeurs à l’intérieur d’une bathysphère atteignant le nouveau record de 435 m de profondeur.

La famille Piccard sont des pionniers de l’exploration tant dans les hauteurs que dans les profondeurs. Pour les découvrir, voici quelques films:

Auguste Piccard (1884-1962) collabore avec son fils Jacques (1922-2008) pour créer le bathyscaphe Trieste avec lequel Jacques et son équipier Don Walsh atteindront en 1960, dans la fosse des Mariannes (océan Pacifique), le point le plus profond des océans connu à ce jour, appelé Challenger Deep. Non sans problèmes: après avoir franchi 9'000 m, l'une des vitres extérieures en plexiglas s'est fissurée, mais le bathyscaphe continue sa descente jusqu’à 10'911 m, découvre un poisson plat sur le sol puis remonte à la surface.

Pour répondre à la curiosité qui anime les êtres humains dans leur désir de compréhension de leur environnement, les défis d’adaptation et la technologie prennent une place importante. Quand il s’agit de découvrir les eaux profondes, il faut un équipement qui permette au simple être humain de s’adapter à un environnement des plus hostile.

Il est aussi nécessaire de savoir où chercher. Telles les cartes terrestres, il existe des cartes océaniques. Dès 1950, l’américaine Marie Tharp (1920-2006) géologue et cartographe, crée les premières cartes des fonds marins à l’aide de la nouvelle technologie du sonar (des ondes de son permettent de mesurer la profondeur). En tant que femme, elle n’est pas autorisée à monter sur les bateaux de recherche de l’époque et collabore ainsi avec l’océanographe Bruce Heezen. En 1957, les deux cartographes ont réalisé la première carte du fond de l'océan Atlantique Nord. Alors que la plupart des scientifiques s'attendaient à ce que le fond de l'océan soit plat et sans relief, la carte a révélé des canyons, des montagnes et une énorme vallée de rift. Ces cartes des fonds océaniques de Mary Tharp sont encore largement utilisées aujourd'hui.

Pour en savoir plus sur Mary Tharp:

3. Développer les connaissances: A quoi ressemblent les grands fonds?

Les scientifiques séparent l’océan en différentes zones, selon la profondeur. De la surface aux grands fonds, on passe ainsi la zone épipélagique (jusqu’à 200 m), mésopélagique (200 m à 1'000 m), bathypélagique (1'000 m à 4'000 m), abyssopélagique (4'000 m à 6'000 m) et hadale (6'000 m à 11'000 m). On parle généralement d’abysses à partir de 4'000 m. La profondeur moyenne globale des océans est de 3'800 m. Le point le plus profond connu se situe à environ 11'000 m de profondeur, dans la fosse des Mariannes (océan Pacifique). En comparaison, le mont Everest culmine à 8'849 m.

Dans la zone épipélagique, la photosynthèse peut encore avoir lieu car les rayons du soleil pénètrent suffisamment les eaux. Dans cette zone, influencée par le soleil, la température de l’eau varie d’un endroit à l’autre. C’est aussi la zone que les scientifiques connaissent le mieux. Au-delà, les conditions deviennent de plus en plus extrêmes: la lumière, la température ainsi que le taux d’oxygène dissout diminuent progressivement. A partir de 200 m de profondeur, la photosynthèse n’est plus possible en raison du manque de lumière. Le noir est total à partir de 1'000 m de profondeur.

La température des mers et des océans en surface varie selon l’endroit où l’on se trouve, mais la moyenne est d’environ 17,5°C. La température diminue progressivement avec la profondeur, jusqu’à atteindre une température entre -1 et 4°C dans les grands fonds.

La pression de l’eau augmente rapidement avec la profondeur (un bar par 10 mètres). Le point le plus profond connu, dans la fosse des Mariannes (-11'000 m), atteint environ 1'100 fois la pression à la surface, soit l’équivalent du poids d’environ 1'600 éléphants par m2. Les fonds océaniques deviennent donc rapidement hostiles pour les êtres humains: le record de plongée avec bouteille est de 332 m seulement. Pour les explorer, il a donc fallu inventer des sous-marins résistants (voir chapitre précédent).

Pour en savoir plus, voir la vidéo de Explore Media.

Le relief des fonds marins

4. Développer les connaissances: Qui habite dans les grands fonds? Comment y vivent ces êtres vivants?

Les grands fonds est un habitat extrême: il fait froid ou très chaud, il règne une pression immense, il fait nuit noire et la nourriture est très rare. Pour faire face à ces conditions environnementales, les êtres vivants des profondeurs se sont adaptés, de manières diverses et étonnantes.

L'obscurité
Comme tous les êtres vivants, les habitants des profondeurs doivent subvenir à leurs besoins: trouver de la nourriture, se reproduire, se défendre ou se cacher pour survivre, mais avec la difficulté supplémentaire de faire tout cela dans une obscurité totale.
Il n'est donc pas étonnant qu’environ 90 % des animaux vivant en dessous de 700 m produisent leur propre lumière. Cette capacité à créer de la lumière, par soi-même ou avec l'aide de bactéries, s'appelle la bioluminescence. La lumière est produite par une réaction chimique, grâce à une enzyme, dans des organes lumineux spécialisés, les photophores. Ces derniers peuvent être complexes: à l'avant, une lentille concentre ou diffuse la lumière. Sous cette dernière se trouve généralement un filtre coloré qui permet une communication complexe. La paroi arrière est revêtue de cristaux réfléchissants qui renforce l'effet lumineux. La lumière peut être enclenchée par des membranes de peau ou des impulsions nerveuses.

Ecouter le son du cachalot. Ces "clics" lui permettent de repérer ses proies dans le noir, grâce à un système d'écolocation.

La haute pression et le froid
À 1'000 m de profondeur, la pression est de 100 bars, ce qui correspond à un poids de 100 kg/cm2. C’est donc comme si 100 kg étaient posés sur notre ongle et sur chaque centimètre carré supplémentaire de notre corps. Seuls des corps spécialisés peuvent supporter cette pression immense. Il est important de comprendre que la pression n'agit que sur les cellules et les organes remplis d'air (par exemple les poumons), les liquides ne sont pas comprimés. De nombreux poissons des profondeurs n'ont, pour cette raison, pas de vessie natatoire ou d'autres cellules remplies d'air. Au lieu de cela, ils emmagasinent souvent beaucoup d'eau dans leur corps, ce qui les rend parfois plus grands que leurs homologues vivant en surface. Leurs enzymes (protéines) sont également insensibles à la pression. Les protéines «normales» deviendraient en effet inertes avec la haute pression et pourraient même se déchirer. Or, rien ne fonctionne sans les protéines, car elles contrôlent et soutiennent d'importants processus métaboliques.
En plus de la pression, il fait un froid glacial dans les profondeurs de l'océan. La température oscille autour du point de congélation. Pour que les cellules ne gèlent pas et restent fonctionnelles, les êtres vivants des profondeurs ont des acides gras insaturés dans leurs parois cellulaires. On retrouve la même astuce dans le beurre tartinable, qui contient plus d'acides gras insaturés qu’un beurre standard.

Le chaud
De l'eau très chaude jaillit des cheminées hydrothermales ou fumeurs. Cette eau est enrichie en sulfure d'hydrogène hautement toxique. On pourrait penser qu'il s'agit d’un endroit hostile, mais, étonnement, ces fumeurs sont un véritable hotspot de biodiversité: ils fourmillent de vers, de moules et de crabes. Certains scientifiques pensent même que c'est dans ces sources hydrothermales que la vie a commencé il y a des millions d'années.
Dans un environnement aussi hostile que celui des cheminées hydrothermales, il est plus facile de survivre en symbiose. Les bactéries sulfureuses décomposent le soufre toxique et le rendent utilisable par d'autres animaux. Ainsi, le ver tubicole géant garde les bactéries sulfureuses dans son corps. Il leur offre un abri et leur fournit de l'eau sulfureuse, tandis que les bactéries synthétisent des sucres et d'autres nutriments riches en énergie.

Le manque de nourriture
En dessous de la zone de lumière, le manque de nourriture se fait sentir. 5 % de la production primaire, produite par les algues, arrive jusqu'à 1'000 m de profondeur, et seuls 1 à 3 % jusqu'au fond. Les particules de nourriture qui parviennent jusqu’au sol sont appelées neige marine. Cette dernière est composée de zooplancton mort et d'excréments. Parfois, le cadavre de poissons ou même de baleines atteint le fond, une chance pour ses habitants. La quantité de nourriture parvenant au fond de l’océan correspond à 1 à 10 grammes de matière organique par an et par mètre carré. C’est comme si l’ensemble de l'écosystème sur un mètre carré de fond avait accès à 1 à 10 capsules d'oméga 3 (huile de poisson) pendant un an!
Le corps des êtres vivants des profondeurs est conçu pour être efficace sur le plan énergétique. Comme il n'est pas nécessaire d'être constamment prêt à fuir dans l'obscurité, ils ont souvent des squelettes plus fragiles, moins de muscles, mais sont composés d'eau et de graisses. La digestion est lente et extrêmement efficace. Chaque morceau de nourriture est utilisé au maximum de son énergie et il n'est pas rare qu'un repas suffise pour plus d'un an. Pour cette raison, les habitants des profondeurs grandissent lentement, vivent généralement très vieux (s'ils ne sont pas mangés) et se reproduisent tardivement. Les espèces des grands fonds ont un mode de vie plutôt calme. Elles chassent par exemple plus souvent à l'affût qu’en nage rapide. L'organisme est aussi optimisé pour une consommation d'oxygène aussi faible que possible: les branchies et le cœur sont souvent réduits et le métabolisme fonctionne au ralenti. La lenteur est le mot d'ordre des profondeurs.

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Luftaufnahme von Meeresvulkanen

L'obscurité

Les exemples suivants montrent que la bioluminescence a différentes fonctions (attirer les proies, se camoufler, dissuader ou communiquer):

La haute pression et le froid

Le manque de nourriture

Les habitants des profondeurs ne peuvent pas se permettre de gaspiller de la nourriture, ce qui conduit à des adaptations étonnantes:

Après toutes ces adaptations impressionnantes, il n'est pas étonnant que la faune des profondeurs batte quelques records:

Et malgré toutes ces contraintes des fonds océaniques, l’océan dans son ensemble est l’habitat de 80 % du vivant!

5. Développer les connaissances: Quelles sont les menaces sur les grands fonds?

Aujourd’hui, la vie aquatique se dégrade à une vitesse alarmante à cause de différentes menaces. La pêche, le trafic maritime ou encore le minage pèsent lourdement sur les grands fonds océaniques, un écosystème fragile où les formes de vie ont pris des milliers d’années à se développer.

La pêche (surpêche et destruction des fonds océaniques)
Dans presque tous les océans, la quantité de poissons capturés empêche la reconstitution des stocks, c’est-à-dire que la pêche prélève plus de poissons que ce que l’océan a le temps regénérer. Les espèces qui habitent les eaux profondes sont particulièrement touchées car elles ont généralement des cycles de reproduction lents. Elles atteignent parfois leur majorité sexuelle tardivement et ne se reproduisent qu’une fois toutes les quelques années. 

L’industrialisation de la pêche a été rendue possible par des subventions publiques. Après la deuxième guerre mondiale, les Etats ont accordé de nombreuses aides financières pour moderniser les flottes, favorisant la construction de bateaux disproportionnément grands par rapport aux ressources marines. Aujourd’hui encore, face à la pression de la croissance de la demande mondiale en poissons, cette pratique continue, engendrant des méthodes de pêche toujours plus radicales et en profondeur.

Parmi les méthodes de pêche ayant un impact particulièrement important, on compte le chalutage de fond et le dragage, qui impactent et endommagent les fonds marins, tandis que la palangre pélagique, les filets maillants et la senne sont souvent responsables de nombreuses prises accidentelles d’autres espèces.

Le chalutage de fond, par exemple, est un bateau qui tire un filet en forme d’entonnoir, appelé chalut, qui racle le fond de l’océan. Ces filets peuvent parfois atteindre plusieurs centaines de mètres de long et capturent un grand nombre de prises accidentelles. Ces dernières représentent environ 40 % des captures mondiales en poissons, soit 38 millions de tonnes. Pour ces raisons, l’Union Européenne a interdit en 2016 le chalutage profond à plus de 800 m, puis, en 2022, à plus de 400 m dans certaines zones.


Les «bons élèves» sont des méthodes sélectives, qui permettent peu ou pas de prises accidentelles, et sans impact sur les fonds marins, par exemple: la pêche à la main, avec des pièges ou des casiers et la pêche à la ligne.

Quand parle de surpêche, la méthode à un rôle important, mais il s’agit aussi de considérer l’état des populations: même une pêche considérée comme plus douce n’est pas recommandable sur un stock déjà surpêché, par exemple.

Bien qu’environ un tiers de l’ensemble des espèces soit victime de surpêche ou sur le point de l’être, la pêche intensive se poursuit.

Le trafic maritime
De nos jours, 90 % des exportations mondiales sont transportées par plus de 50’000 navires commerciaux et ce pour deux raisons: comparé à d'autres moyens de transport, c’est le moyen le plus rentable et le plus efficace en termes d’empreinte carbone pour déplacer des marchandises. Il est responsable d’environ 3 % des émission de gaz à effet de serre au niveau mondial.
Toutefois, le trafic maritime pollue les eaux par le déversement d’hydrocarbures et d’autres polluants nocifs pour les espèces marines. De plus, la circulation de ces grands bateaux engendre une pollution sonore non négligeable. En effet, dans l’océan, l’ouïe est un sens beaucoup plus important que la vue et beaucoup d’espèces utilisent les sons pour s’orienter, trouver des proies et communiquer. Cette menace acoustique, pourtant invisible, altère le comportement et provoque un stress constant pour la vie sous-marine. Elle peut parfois provoquer la mort des animaux.
Il y a en outre de plus en plus d’occurrences de cétacés qui rentrent en collision avec des navires.

Des cartes en ligne permettent de visualiser le trafic maritime dans le monde en temps réel.

Le minage des grands fonds
Les grands fonds océaniques sont des milieux encore peu étudiés, mais qui pourraient représenter une alternative aux mines terrestres, dans lesquelles les conditions de travail sont souvent déplorables. Riches en réserves minérales (manganèse, fer, cuivre, nickel cobalt, lithium), ils attisent la convoitise de compagnies minières, qui y voient une solution aux besoins toujours plus grand de métaux, composants des panneaux solaires, ordinateurs, smartphones et batteries des voitures électriques, par exemple. Or, le minage des grands fonds représente une véritable menace pour cet écosystème fragile. 
Depuis plusieurs années, différents pays se sont lancés dans des explorations sous-marines. Désormais, les moyens techniques permettraient de débuter l’exploitation aussitôt les autorisations accordées. 
Le monde tranquille, sombre et silencieux des abysses serait alors transformé par le labourage des sols et la création de nuages de particules, entrainant la destruction de l’habitat et la suffocation d’organismes vivants. La pollution lumineuse et sonore s’ajoutant également à ces nuisances. 
A noter que l’utilisation des ressources des grands fonds est gérée par l’Autorité Internationale des fonds marins, sur la base de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (UNCLOS). Selon ce régime, aucun Etat ne peut revendiquer de souveraineté sur une partie de la zone ou sur ses ressources. Les activités doivent bénéficier à l'ensemble de l'humanité, en tenant particulièrement compte des intérêts et des besoins des Etats en développement, pour une utilisation exclusivement pacifique par tous les Etats, côtiers ou enclavés, sans discrimination. Enfin, les avantages financiers et économiques tirés des activités doivent être partagés de manière équitable, sur une base non discriminatoire.
En 2023, le Conseil fédéral a pris position pour un moratoire sur l’exploitation commerciale des fonds marins.

Pour en savoir plus:

D’autres menaces pèsent aussi sur les océans. En savoir plus.

6. Réflexions sur la question centrale: Pourquoi est-il important de préserver les profondeurs des océans?

Nous l’avons vu tout au long de ce dossier, l’eau est essentielle à la vie de tous les êtres vivants sur notre Planète. L’océan est un réservoir important de biodiversité, accueillant de nombreuses espèces animales et végétales, toutes plus uniques les unes que les autres, allant des bactéries à la baleine bleue, et dont certaines restent encore à découvrir. L’océan représente un maillon indispensable du cycle de l’eau et régule le climat ainsi que l’air que nous respirons. Il permet le transport de marchandises et nous apporte aussi de nombreuses ressources alimentaires (la principale source de protéines pour plus d’un milliard de personnes dans le monde), minérales et pharmaceutiques. Enfin, l’océan est source de travail, et donc de revenus, pour de nombreuses personnes dans le monde (plus de 200 millions de personnes vivent de la pêche).

Enfin, l’océan, et en particulier les grands fonds, reste encore peu exploré et nous réserve peut-être encore de nouvelles surprises! Nous n’avons qu’une planète et elle est fascinante, à nous de la préserver.

Pour en savoir plus: 5 raisons pour lesquelles des océans sains sont liés aux droits de l'homme

7. Développer une vision de l’avenir – agir: Que peut-on faire pour diminuer notre impact sur les grands fonds océaniques?

Une partie de l’eau de nos glaciers, nos rivières et nos lacs finissent en bout de course dans un océan. Les garder en bonne santé permet non seulement de préserver la faune et la flore locales, mais aussi d’éviter l’acheminement, puis l’accumulation de pollutions dans les océans. Les déchets visibles ainsi que les micropolluants issus des eaux usées d’entreprises industrielles, de l’agriculture intensive (pesticides, engrais), tout comme les résidus de médicaments, de produits ménagers ou de cosmétiques, diminuent la qualité de l’eau. Pour pallier ce problème à l’école, on peut par exemple réfléchir à utiliser des produits d’entretien ou des savons les moins polluants possible.


Afin de limiter la pêche et la surpêche, la consommation de poissons en Suisse devrait être réservée aux occasions spéciales. Il faudrait privilégier des espèces plutôt petites, à croissance et reproduction rapides comme le hareng ou l'anchois, plutôt que de grands prédateurs tels que le thon, le saumon, le cabillaud ou l'espadon. Dans le cas des poissons d’élevage, choisissons des herbivores comme la carpe ou des espèces qui ont besoin de peu ou pas de poisson dans leur alimentation comme le poisson-chat, le pangasius ou le tilapia. Évitons ici aussi les prédateurs, car ils sont nourris avec de l’huile ou de la farine de poisson, ce qui exerce une pression supplémentaire sur les poissons sauvages. Les moules d’élevage, qui filtrent leur nourriture à partir de l’eau, sont aussi un bon choix. Le mode de pêche est en outre souvent indiqué sur les emballages. Il s’agit de privilégier les méthodes de capture sélectives et à moindre impact sur les écosystèmes, comme la ligne à main ou le piège. Le WWF propose un guide de consommation. A l’école, on peut encourager les goûters durables (saisonniers, locaux, biologiques, zéro déchets et sains), ainsi que consommer du poisson de façon consciente à la cantine.


La production de nos biens se fait souvent de façon industrielle, à l’autre bout de la planète. Outre la pollution des eaux usées sur place, leur acheminement est aussi source de pollution de l’eau et de l’air. Les gaz émis par les bateaux et les usines intensifient l’effet de serre et avec lui les changements climatiques. Or, le réchauffement de la terre a lui aussi des effets sur les océans. De plus, le plastique utilisé pour les objets ou les emballages est parfois issu de forages en mer et les métaux présents dans nos appareils électroniques proviendront peut-être dans le futur du minage des fonds océaniques. Une partie de la nourriture que nous consommons (par exemple les céréales ou certains fruits comme les bananes) est également acheminée par bateaux.
En réduisant notre consommation de biens ou en achetant des produits locaux, issus d’artisans et d’artisanes ou d’agriculteurs et d’agricultrices de la région, nous réduisons les trajets et limitons la production à grande échelle. Pour aider la prise de décision, nous pouvons, avant d’acheter quelque chose, nous poser les questions: Avons-nous vraiment besoin de cet objet? Est-ce qu’il nous fera plaisir pendant longtemps? Pourrions-nous simplement l’emprunter? La règle des 5 R peut aussi être utile: Refuser, Réduire, Réutiliser, Recycler, Redonner à la terre (composter).

Pour en savoir plus sur les effets des changements climatiques sur les océans. Ou en vidéo.

Ils se sont mis en action pour protéger l’océan:

8. Pour aller plus loin: liens avec les différents thèmes du développement durable

Nous vous proposons ici une sélection de ressources supplémentaires pour aborder le thème de l’eau sous différents angles du développement durable.

Santé:

Culture:

Il existe de nombreux contes qui présentent différentes cultures et relations par rapport à l’eau ou à l’océan.

Droits de propriété:

Accès à l’eau potable:

Climat:

Pollution:

Général

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Grafik Pandamobil Tiefsee

Impressum et remerciements

Rédaction

Maude Poirier, Aline Junod, Véronique Bezençon, Charlotte Goriup, Nicole Hiltbrand

Traduction, adaptations et relectures

Aline Junod, Maude Poirier, Véronique Bezençon, Charlotte Goriup

Relecture scientifique: Isabel Jimenez, Catherine Vogler, Alice Eymard

Relecture pédagogique: Sophie Richoz, Karyn Fournier, Martine Ehinger

Graphisme et illustrations

ND Création Visuelle

L’élaboration de ce support pédagogique a été un travail collectif. Un grand merci aux nombreuses personnes qui nous ont partagé leur expérience, leurs réflexions et leurs précieux conseils.