Classement des cantons par le WWF: la longue route vers l’Accord de Paris

•    Le WWF Suisse a regardé à la loupe chacun des 26 cantons pour analyser leur politique climatique et énergétique dans le secteur du bâtiment. 
•    Le canton le plus soucieux du climat de Suisse est Bâle-Ville. Le canton d’Appenzell Rhodes-Intérieures est celui qui accuse le plus gros retard.
•    Bien que quelques succès se dessinent, aucun canton n'est encore sur la trajectoire qui permettrait de limiter le réchauffement de la planète à 1,5 degré.
•    Il faut beaucoup de temps pour que les incitations ou les prescriptions, par exemple pour le remplacement des chauffages, ou les assainissements, déploient des effets pertinents dans le parc immobilier.
 

Citations de Leandro De Angelis, spécialiste en énergie auprès du WWF Suisse:

«Il est extrêmement réjouissant de constater qu’un grand nombre de cantons ont pu faire de nets progrès ces dernières années. La situation a beaucoup évolué, en particulier en ce qui concerne le remplacement des anciens chauffages par des solutions plus respectueuses du climat.»

«Malgré ces progrès, aucun canton ne suit une trajectoire de réduction des émissions compatible avec les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat. Des mesures doivent en particulier être prises dans le domaine de la rénovation des bâtiments et du passage à la mobilité électrique.»

«Le classement révèle en partie de grandes différences entre les cantons et montre que la marge de manœuvre au niveau cantonal est conséquente.»

«Pour permettre à la Suisse d’atteindre ses objectifs climatiques, nous devrions tous tirer à la même corde. Les modèles de prescriptions énergétiques des cantons dans le domaine de l’énergie sont donc très importants. Malheureusement, les cantons ont tendance à laisser traîner ce dossier. La révision actuelle devrait donc être aussi efficace et ambitieuse que possible et sa mise en œuvre ne plus tarder.»
 

Les cantons jouent un rôle central pour la protection du climat. Ils décident de manière autonome, surtout dans le domaine des bâtiments qui est responsable de 40% de la consommation d’énergie en Suisse et qui produit presque un quart des émissions de gaz à effet de serre du pays. A cela s’ajoute le grand potentiel en matière de développement de l’énergie solaire et de l’infrastructure de recharge pour les voitures électriques. Sans les cantons, la Suisse ne pourra pas atteindre ses objectifs en matière de politique climatique et énergétique.

Les cantons peuvent ainsi édicter des dispositions relatives à l’efficacité énergétique et à l’utilisation de l’énergie renouvelable, créer des incitations financières, sensibiliser les propriétaires d’immeubles à ces thématiques et leur proposer des conseils. Les modèles de prescriptions énergétiques des cantons (MoPEC) fournissent les lignes directrices et des recommandations. Les MoPEC actuellement en vigueur datent toutefois de 2014 et ne sont plus adaptés à la situation actuelle.

Les directeurs de l’énergie des cantons sont en train de réviser conjointement les MoPEC, afin qu’ils tiennent aussi compte des objectifs de l’Accord de Paris sur le climat. Tandis que certains cantons ouvrent la voie, d’autres traînent et font même nettement moins bien que ce qui est recommandé dans les modèles dépassés de longue date. A cet égard, le classement des cantons établi par le WWF crée une situation transparente. 

L’analyse a porté sur les objectifs, les mesures et l’effet réel dans cinq champs d’action: efficacité énergétique, chaleur renouvelable, électricité renouvelable, mobilité électrique et fonction de modèle de l’administration cantonale. L’étude a aussi cherché à savoir dans quelle mesure les cantons se trouvaient sur une trajectoire permettant de réaliser l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 1.5°C, afin que la Suisse puisse, en tant que nation, réaliser les objectifs climatiques conformément aux souhaits du peuple.

Aucun canton n’est pour l’instant sur la bonne voie, même si certains d’entre eux montrent le bon exemple dans certains domaines:
 

Objectif zéro net: le canton de Bâle-Ville veut atteindre l’objectif zéro émission nette en 2037. 

Efficacité dans les bâtiments: Genève a introduit une obligation d’assainissement: les bâtiments inefficaces dont la consommation de chaleur dépasse une certaine valeur doivent être modernisés et leur consommation réduite. La valeur cible augmente périodiquement.

Chaleur renouvelable: les réglementations dans le canton de Zurich prévoient que lors du remplacement des chauffages dans les bâtiments existants, des solutions renouvelables doivent être utilisées (par exemple des pompes à chaleur).

Électricité renouvelable: les cantons d’Uri et du Valais sont les premiers à prévoir des prescriptions pour la production d’électricité propre lors de l’assainissement des toitures. Si le toit d’un bâtiment est rénové, il doit être équipé d’une installation photovoltaïque ou solaire thermique.

Mobilité électrique: Neuchâtel a introduit l’obligation d’équiper 40% des places de stationnement dans les nouvelles constructions d’une borne de recharge. D’autres pays vont toutefois bien plus loin. En France, la part prescrite est de 70%, alors qu’elle est de 100% pour les bâtiments non résidentiels en Italie.

Rôle de modèle de l’administration cantonale: dans les cantons de Nidwald, de Schwytz, du Jura, de Bâle-Ville et d’Uri, la part de chauffages renouvelables dans l’ensemble des bâtiments de l’administration publique est supérieure à 80%. Bâle, Uri et Zurich se sont fixé un objectif zéro émission nette au sein de l’administration pour 2030 déjà.
 

Contact: 

Pierrette Rey, porte-parole du WWF Suisse, pierrette.rey@wwf.ch, +41 21 966 73 75