08 octobre 2019 — Communiqué de presse

Un référendum s’impose contre la révision inacceptable de la Loi sur la chasse

Alors que le monde subit de plein fouet la crise du climat et celle de la biodiversité, le Parlement suisse démantèle la protection des espèces. Ce qui a commencé avec une tentative de régulation facilitée du loup va désormais beaucoup plus loin et touche la protection des animaux dans ses bases essentielles. C'est pour cette raison que Pro Natura, le WWF Suisse, BirdLife Suisse, le Groupe Loup Suisse et zoosuisse lancent aujourd'hui un référendum contre la révision ratée et inacceptable de la Loi sur la chasse. 

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Biber frisst

Une des dernières décisions de l’actuel Parlement fédéral a été d'adopter la révision de la Loi fédérale sur la chasse et la protection des mammifères et oiseaux sauvages (LChP). A ce sujet, Urs Leugger-Eggimann, secrétaire central de Pro Natura et président de l'association faîtière à l’origine du référendum, réagit: «Cette nouvelle mouture de la loi est inadmissible. Nous considérons le transfert de compétences de la Confédération aux cantons comme anticonstitutionnel. La loi prévoit également des tirs à titre préventif et l’élaboration d’une liste des animaux régulables par la chasse que le Conseil fédéral peut modifier à loisir, sans passer par le Parlement. Cela signifie que la protection des animaux n’est plus assurée.»

En matière d’espèces menacées, la Suisse est en tête

Une diversité élevée en espèces stabilise les écosystèmes, que les changements climatiques mettront à encore plus forte contribution à l'avenir. La nouvelle LChP serait une bonne occasion d'agir efficacement en faveur de la biodiversité. Mais au lieu de mieux protéger les espèces animales, elle permet dorénavant de tirer des espèces à titre préventif - simplement parce qu'elles existent.

«En Suisse, une espèce sur trois est menacée», dénonce Océane Dayer, responsable politique au WWF Suisse. «Nous avons ainsi la honte d'être en tête des 36 Etats de l'OCDE.»

Anna Baumann, directrice du Tierpark Goldau et présidente de zoosuisse, souligne l'importance de la protection des espèces également dans le contexte international. La protection de la biodiversité ne peut être efficace que si elle est transfrontalière. C'est aussi la raison pour laquelle Anna Baumann déclare: «En tant qu'organisation faîtière des zoos gérés de façon scientifique en Suisse, nous sommes convaincus que la majorité de nos visiteurs sont contre cette loi ratée.»

Va-et-vient parlementaire, résultat légalement critiquable

En matière de protection des espèces, la Constitution fédérale confie la compétence de légiférer et la responsabilité à la Confédération. Pour David Gerke, président du Groupe Loup Suisse, une des grandes faiblesses de la révision se situe à ce niveau-là: «La responsabilité de la Confédération est transférée aux cantons. Étant donné que chaque canton sera libre d’interpréter à sa façon la protection des espèces, il y a un réel risque de voir apparaître, entre les cantons, une grande variété de régimes régissant la protection des espèces.»

Werner Müller, directeur de BirdLife Suisse, rappelle qu'en 1986, l'actuelle LChP avait été adoptée à l'unanimité par le Conseil national et à la majorité moins deux voix au Conseil des Etats. «La  LChP  en vigueur constitue un vrai compromis entre la chasse et la protection. Ce n'est pas du tout le cas de l'inadmissible révision que nous avons devant nous. Le va-et-vient lié à l'actuelle révision entre les deux Chambres fédérales a rendu le travail parlementaire particulièrement difficile et a éloigné la LChP des aspects de protection des espèces qu’elle contient.» La motion Engler, dont l’objectif était une régulation facilitée du loup, a débouché sur une consultation avec pas moins de 23 modifications de la part du Conseil fédéral. Il est difficile de comprendre qui peut bénéficier de la nouvelle LChP. «Certainement pas la chasse, qui n'y gagne pratiquement rien,» déclare Werner Müller, «et la nature encore moins.»

Retour à la case départ

La révision a détruit les lignes claires et les compromis intelligents grâce auxquels la LChP jouissait d'un large soutien de la part des chasseurs, des agriculteurs, des garde-faunes, des protecteurs de l'environnement et de la population en général. Après le refus de la révision par le peuple dans les urnes, les dispositions de la motion Engler pourraient être rapidement intégrées dans une révision allégée. «Le Conseil fédéral pourra soigneusement clarifier les besoins, en tenant également compte de l’opportunité d’introduire des modifications en faveur de la biodiversité,» résume Urs Leugger-Eggimann pour expliquer l'absolue nécessité d'un référendum. «La révision de la LChP constitue un échec, car elle affaiblit la protection des espèces au lieu de la renforcer. Il faut donc retourner à la case départ.»

Contacts:

Pro Natura: Nicolas Wüthrich, responsable de l’information, 079 212 52 54, nicolas.wuthrich@pronatura.ch

WWF Suisse: Océane Dayer, responsable politique, 076 615 71 70, oceane.dayer@wwf.ch

BirdLife Suisse: Werner Müller, directeur, 079 448 80 36, werner.mueller@birdlife.ch

Groupe Loup Suisse: Isabelle Germanier, 079 652 28 49, romandie@gruppe-wolf.ch

zoosuisse: Caspar Bijleveld, directeur du Papiliorama, 079 458 29 63, caspar.bijleveld@papiliorama.ch