13 mars 2023 — Communiqué de presse

Rapport de synthèse du GIEC: le temps commence à manquer

Le WWF demande que les conclusions du rapport de synthèse du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat des Nations unies incitent les gouvernements à réduire plus rapidement les émissions.

•    Le nouveau rapport de synthèse du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat dévoile un alarmant manque d’ambitions: à ce jour, aucun pays n’est sur la trajectoire permettant d’atteindre l’objectif de 1,5 degré.

•    Les effets perceptibles de la crise climatique sont, pour beaucoup, plus graves que les prévisions formulées dans le dernier rapport de synthèse du GIEC, publié en 2014.

•    L’environnement doit être mieux protégé, car il nous aide à résoudre la crise climatique: d’après les calculs du groupe d’expert·e·s, la nature a absorbé ces dix dernières années 54% des émissions de CO2 générées par l’activité humaine. 

•    Le WWF espère que les résultats du rapport de synthèse du GIEC inciteront les gouvernements à réduire plus rapidement leurs émissions.

 

Citations: 

Thomas Häusler, expert du climat au WWF Suisse

«Le temps commence à manquer: aucun pays ne se trouve actuellement sur la trajectoire de 1,5 degré. Nous devons accélérer le mouvement pour cesser de brûler de l’essence, du diesel, du gaz fossile et du charbon. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons limiter le réchauffement mondial à 1,5 degré et éviter les dangers majeurs de la crise climatique.» 

«La votation du 18 juin sur la loi sur la protection du climat nous donne l’opportunité de prendre nos responsabilités et de veiller à ce que la Suisse accélère le rythme dans ce domaine.» 

Stephanie Roe, scientifique en cheffe du WWF dans le secteur du climat et de l’énergie, auteure principale du rapport du groupe de travail III du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) «Atténuation du changement climatique»

«Les résultats des travaux scientifiques montrent que nous n’en faisons pas encore assez pour réagir à cette crise. Avec les émissions actuelles, qui sont toujours au niveau le plus élevé de l’histoire de l’humanité, nous sommes très loin de la trajectoire visée et le temps dont nous disposons pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5 degré s’amenuise rapidement.»

Le lundi 13 mars, le GIEC se réunit à Interlaken pour une conférence qui doit durer une semaine, et dont le but est de résumer le niveau actuel des connaissances dans la recherche climatique. Des scientifiques de renom et des gouvernements montreront la gravité de la situation, les risques liés à la crise du climat, mais aussi les solutions et les approches possibles.

Les représentant·e·s des gouvernements décortiqueront ligne par ligne le résumé à l’intention des décideurs politiques du sixième rapport d’évaluation du GIEC (SFP, Summary for Policy Makers) pour en discuter. Une fois qu’il aura été approuvé, le «Climate Change 2023: Synthesis Report» sera publié le lundi 20 mars 2023. 

Le rapport de synthèse résume les résultats de six rapports partiels et spéciaux, une somme de 10 000 pages élaborée ces dernières années en vue de la publication du sixième rapport d’évaluation. Un travail qui a nécessité l’analyse de milliers d’études consacrées au climat. Le rapport de synthèse livre la vue d’ensemble la plus complète, à l’heure actuelle, de la situation sur le front du réchauffement climatique, des forces sous-jacentes, de leurs conséquences et des solutions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et permettre à la planète de s’adapter aux effets du réchauffement. 

Les résultats des rapports partiels déjà publiés et pris en compte dans ce rapport de synthèse indiquent que notre climat se trouve «dans le rouge», la concentration de CO2 dans l’atmosphère étant à son niveau le plus élevé depuis deux millions d’années et le niveau des mers et des océans s’élevant à une vitesse jamais vue depuis 3000 ans. Les rapports montrent aussi que le réchauffement actuel de 1,1 degré a déjà causé des perturbations dangereuses pour la nature et le bien-être humain dans le monde entier, de nombreux effets sur le climat étant plus graves que ce qui avait été annoncé dans le dernier rapport de synthèse du GIEC publié en 2014.

Le rapport de synthèse révèle également un manque d’ambitions alarmant. Les résultats du groupe de travail III sont déjà connus et montrent que les émissions de gaz à effet de serre ont encore augmenté, malgré quelques initiatives politiques positives, et qu’elles se situent désormais au niveau le plus élevé jamais enregistré dans l’histoire de l’humanité. En d’autres termes, nous sommes encore bien loin de pouvoir freiner suffisamment vite cette évolution, qui se poursuit. Les engagements politiques et financiers jusqu’en 2030 ne permettent pas de limiter le réchauffement à 1,5 degré.

Le rapport du GIEC ne va pas prescrire aux Etats la voie politique exacte à suivre pour mieux protéger le climat. Le WWF est toutefois convaincu qu’il améliore la base scientifique permettant de prendre des mesures climatiques efficaces et qu’il va inciter les gouvernements à décider de changements urgents pour nous permettre d’abandonner les carburants et les combustibles fossiles. Ce n’est que de cette manière, en effet, que les émissions de CO2 pourront diminuer rapidement dans tous les secteurs économiques. Parallèlement, il s’agit aussi de mieux protéger l’environnement et de restaurer ce qui a été détruit. Car sans nature intacte, nous ne parviendrons pas à arrêter le réchauffement du climat. 

Contact:

Cédric Jacot-Guillarmod, porte-parole WWF Romandie, cedric.jacot-guillarmod@wwf.ch, 079 445 87 79

Informations supplémentaires

•    Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) est l’organisme de l’ONU chargé d’évaluer les connaissances scientifiques en matière de changement climatique. Créé en 1988 sous l’égide du Programme des Nations unies pour l’environnement et de l’Organisation météorologique mondiale, il doit fournir aux décideurs et décideuses politiques des évaluations scientifiques régulières sur le changement climatique, ses conséquences et ses risques, et proposer des stratégies d’adaptation et de limitation. 

•    Les rapports du GIEC dressent des états des lieux réguliers des dernières connaissances en matière de changement climatique, de ses causes, de ses conséquences et des options d’action possibles. La synthèse du sixième rapport d’évaluation prend en compte les résultats des trois derniers rapports partiels publiés en 2021 et en 2022 et des trois rapports spéciaux publiés encore avant ceux-ci. Vous trouverez des informations complémentaires sur le GIEC ici: www.ipcc.ch/.

•    Six conclusions importantes des rapports des trois groupes de travail du 6e rapport d’évaluation du GIEC:

  • Entre 2010 et 2019, les émissions mondiales ont été plus élevées qu’au cours de toute autre décennie de l’histoire de l’humanité. Source: GT3 IPCC 
  • Ces 10 dernières années, la nature a absorbé 54% des émissions de carbone émises par l’être humain. 31% sont capturées par des écosystèmes terrestres, y compris les plantes, les animaux et les sols, les 23% restants par les mers et les océans. Source: GT3 GIEC
  • Environ 3,3 à 3,6 milliards de personnes vivent dans des régions fortement menacées par le réchauffement climatique. Source: GT3 GIEC 
  • L’agriculture et la production alimentaire sont responsables d’environ un tiers (23 à 42%) des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Source: GT3 IPCC 
  • Il existe, dans chaque secteur économique, des solutions pour diviser par deux les émissions d’ici 2030, en accord avec une trajectoire de réduction de 1,5 degré. Source: GT3 IPCC
  • Entre 2010 et 2019, les coûts de l’énergie solaire et des batteries au lithium-ions (utilisées pour stocker l’énergie) ont connu une baisse énorme de 85%, tandis que les coûts de l’énergie éolienne ont diminué de 55%. Source: GT3 IPCC 

•    Le rapport du WWF «Our Climate’s Secret Ally: Uncovering the story of nature in the IPCC Sixth Assessment Report» s’appuie sur le travail du GIEC pour présenter les crises liées du réchauffement climatique et de la disparition de la biodiversité, toutes deux provoquées par l’activité humaine. Le rapport peut être téléchargé ici. Les infographies sont disponibles sur demande, une version en allemand est en cours d’élaboration et devrait être disponible le 20 mars 2023.



Les autres rapports du WWF en lien avec le cycle de publication du sixième rapport d’évaluation du GIEC sont également disponibles:

  • Climat, nature et notre avenir à 1,5 °C (ici en anglais) 
  • Feeling the Heat: The fate of nature beyond 1.5°C of global warming (ici en anglais)