13 juin 2023 — Communiqué de presse

L’opposition du Conseil des Etats à la protection des espèces a de graves conséquences

Contrairement aux recommandations de la Confédération, des villes, des communes, du Conseil national et des cantons, le Conseil des Etats n’entre pas en matière sur la révision de la loi fédérale sur la protection de la nature et du paysage (LPN). Il s’agit d’une erreur fatale puisque l’immobilisme face à la perte de biodiversité va nous coûter cher.

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Carte de voeux WWF 416 - Fleurs sauvages
  • La Suisse, où une espèce animale et végétale sur trois est menacée, a l’une des plus longues listes rouges au monde. La chambre haute ferme toutefois les yeux sur la nécessité d’agir rapidement pour enrayer cette hécatombe. 
  • Selon le Conseil fédéral, la perte de diverses prestations dites écosystémiques, que la nature nous a fournies jusqu’à présent gratuitement, coûte à la Suisse jusqu’à 16 milliards de francs par année. 
  • La biodiversité est la base de notre existence: nous utilisons chaque jour des denrées alimentaires, de l’eau potable, des médicaments, de l’énergie, des vêtements ou des matériaux de construction. Des écosystèmes intacts assurent la pollinisation des plantes et la fertilité des sols, nous protègent des catastrophes environnementales comme les inondations ou les glissements de terrain, nettoient l’eau et l’air et stockent le CO2 nocif pour le climat.

Dina Spörri, responsable de la politique au WWF Suisse: 



«En refusant le dialogue, le Conseil des Etats démontre qu’il sous-estime la disparition massive d’espèces et donc la prochaine crise environnementale, qui s’annonce gigantesque. Les élections fédérales de cet automne nous donnent l’occasion d’élire au Conseil des Etats des personnes qui reconnaissent les urgences environnementales et qui les abordent efficacement.»



L’état de la biodiversité en Suisse est alarmant: plus d’un tiers des espèces et près de la moitié de tous les biotopes sont menacés de disparition. 245 espèces animales et végétales sont déjà éteintes en Suisse. Ces 10 prochaines années, 642 autres risquent fortement de disparaître à leur tour. L’immobilisme règne depuis des années en matière de zones sous protection, au point que la Suisse est la lanterne rouge de l’Europe en la matière. Même l’Office fédéral de l’environnement confirme, dans un récent rapport, que «l’état de la biodiversité en Suisse n’est pas satisfaisant». 



14 à 16 milliards par année

De la biodiversité dépendent des prestations essentielles pour l’économie et la société: insectes pollinisateurs, organismes utiles et sols fertiles pour la production alimentaire, la préparation de l’eau potable et la protection contre les dangers naturels. La biodiversité est la base de notre existence. Dans son message, le Conseil fédéral indique qu’il nous en coûterait 14 à -16 milliards de francs par année, c’est-à-dire 2 à 2,5% du PIB, pour compenser la perte des différents services écosystémiques si nous ne faisons rien pour les préserver.



Malgré ces faits et le besoin d’agir urgent qui en résulte, le Conseil des Etats refuse d’entrer en matière sur le contre-projet à l’initiative biodiversité. 



Les cantons n’ont pas été entendus

En décidant de ne pas entrer en matière, le Conseil des Etats refuse le dialogue et s’oppose explicitement aux intérêts des cantons. Avant le débat, ceux-ci avaient adressé une lettre à la commission chargée de l’examen préalable du projet, pour la prier d’entrer en matière sur le contre-projet. Lors de la consultation, les cantons ont fait des propositions concrètes sur la conception possible du projet, afin qu’il soit, à leurs yeux, judicieux et compatible avec les différents intérêts d’utilisation. La commission a ignoré leurs propositions.



Le refus d’entrer en matière est l’instrument politique lorsqu’il n’est pas nécessaire d’agir. Dans le cas précis, il est difficile d’affirmer qu’il en est ainsi. Cette décision est donc incompréhensible et a l’effet d’une gifle pour la population, les cantons et les caisses de l’Etat à terme. Car les coûts de l’immobilisme augmentent. 



Lors des élections fédérales de cet automne, les Suisses et les Suissesses peuvent faire en sorte d’élire un Conseil des Etats plus soucieux de l’environnement. 



Contact

Jonas Schmid, conseiller en communication au WWF, jonas.schmid@wwf.ch, 079 241 60 57