03 avril 2023 — Communiqué de presse

Des alternatives pour Pâques

Les fêtes de Pâques font nettement augmenter la consommation de poisson, d’œufs et de viande d’agneau en Suisse. Les détaillants s’en réjouissent sans doute, mais pas la nature. Car les effets de nos menus de Pâques traditionnels sur l’environnement sont consternants. Surtout qu’il existe depuis longtemps des options plus durables.

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  • A Pâques, la consommation de poisson atteint un sommet: pour «produire» 100 g de filet de saumon, il faut en guise de nourriture environ 175 g de poissons capturés dans la nature tels que harengs, anchois et sardines, ainsi que 95 g de soja.
  • Pour produire un œuf, une poule doit aussi consommer une grande quantité de nourriture. Celles de Suisse picorent surtout des aliments concentrés, importés, et ne sont pas très efficaces en matière de conversion calorique: nous investissons environ 3,6 calories d’aliment concentré dans une calorie sous forme d’œuf.
  • A Pâques, les émissions de CO2 provoquées par l’importation de viande d’agneau augmentent notablement, la consommation explosant de 50 à 85% en comparaison annuelle. Un sixième de cette viande arrive en Suisse par avion depuis la Nouvelle-Zélande et l’Australie.
  • Pour couvrir notre demande accrue, la production de fourrage est démultipliée. D’immenses surfaces couvertes de forêts sont transformées en terres cultivables à cette fin, ce qui provoque la destruction d’habitats exceptionnels pour les plantes et les animaux, de sols fertiles ou de réserves d’eau potable. En mer, la pêche industrielle de petits poissons occasionne des dégâts considérables. 

Citation: Mariella Meyer, experte en alimentation au WWF Suisse:

«Comme souvent dans la vie: la quantité fait la différence. On peut soigner la tradition de la course aux œufs, mais en se contentant d’un seul œuf par personne le dimanche de Pâques. Une consommation supportable pour la planète serait de deux œufs environ par semaine et par personne.»

Citation: Isabel Jimenez, experte en produits de la mer au WWF Suisse

«Le bilan écologique des substituts végétaux est meilleur que celui du poisson conventionnel. De plus, ces produits permettent de préparer un délicieux menu pascal sans grande difficulté. Il est temps de rompre avec nos habitudes si nous voulons changer la situation.»

Du poisson pour le Vendredi saint

L’an passé, à Pâques, les consommateurs suisses ont acheté 35% de poisson frais en plus que durant le reste de l’année, surtout le Vendredi saint. Le saumon est le poisson de choix dans notre pays, au point de représenter 20% du chiffre d’affaires du commerce de détail dans cette catégorie. L’élevage de poissons carnivores comme le saumon est une charge pour la biodiversité et pour le climat. La faute, en premier lieu, à l’importante quantité de nourriture consommée par ces espèces. Ces besoins particuliers aggravent la pression sur les stocks de petits poissons comme les sardines et les anchois, qui forment la base de la chaîne alimentaire marine. Par ailleurs, la plupart des poissons capturés pour produire des aliments piscicoles pourraient être consommés directement par les êtres humains. Ce serait même plus avantageux, puisqu’ils sont plus riches en micronutriments importants comme le calcium, le fer et le zinc que les poissons d’élevage.



Œufs de Pâques

En 2022, les producteurs suisses ont mis sur le marché plus de 1,1 milliard d’œufs, et la tendance est à la hausse. En Suisse, chaque personne consomme en moyenne 195 œufs par année. A Pâques et à Noël, la consommation augmente de 16% en comparaison annuelle. En moyenne, une poule a besoin d’environ 120 g d’aliment concentré par jour. Extrapolé sur les 195 œufs consommés en Suisse par personne et par année, on obtient un total de 23,5 kg d’aliment concentré absorbé indirectement par chaque individu par le seul truchement des œufs. De nombreuses calories sont ainsi perdues: un bel exemple d’inefficacité.



Agneau pascal

La moitié de la viande d’agneau consommée en Suisse est importée: environ 50 à 60% proviennent de Nouvelle-Zélande et d’Australie. Bien que les moutons paissent essentiellement dans des pâturages, près de 60% des animaux élevés dans ces deux pays sont transportés par avion jusqu’en Suisse après avoir été abattus. Les produits voyageant de cette manière ont un impact considérable sur l’environnement, les émissions du trafic aérien faisant partie des causes les plus importantes de la crise climatique.



Entretenir les traditions mais réduire la consommation totale


«Pas besoin d’être irréprochable pour protéger le climat»: dans cet esprit, «moins c’est mieux» quand il s’agit de consommer les mets délicats qui agrémentent nos traditions. Nous sommes bien inspirés de réserver le poisson, les œufs et la viande pour des occasions spéciales comme les fêtes de Pâques. Si nous voulons réduire les conséquences pour le climat et la biodiversité et, partant, aussi pour nous-mêmes, nous devons toutefois réduire la consommation moyenne durant toute l’année.

Vers la fiche d’information «Une alimentation respectueuse de l’environnement – Pour notre bien à tous»

 

Contact: Pierrette Rey, porte-parole du WWF Suisse, pierrette.rey@wwf.ch, 021 966 73 75.



 

Sources:



Aas, T. S., Åsgård, T., & Ytrestøyl, T. (2022). Utilization of feed resources in the production of Atlantic salmon (Salmo salar) in Norway: An update for 2020. Aquaculture Reports, 26, 101316.



Baur, P., Krayer, P. (2021). Schweizer Futtermittelimporte – Entwicklung, Hintergründe, Folgen. Forschungsprojekt im Auftrag von Greenpeace Schweiz. Wädenswil: ZHAW. DOI: 10.21256/zhaw-2400



OFAG (2023).
«Volume record d’œufs suisses transformés ». https://www.admin.ch/gov/fr/accueil/documentation/communiques.msg-id-93954.html



FAO. 2022. The State of World Fisheries and Aquaculture 2022. Towards Blue Transformation. Rome, FAO.https://doi.org/10.4060/cc0461en



Kuepper, B. and M. Stravens (2022), Mapping the European Soy Supply Chain – Embedded Soy in Animal Products Consumed in the EU27+UK, Amsterdam, The Netherlands: Profundo

Proviande (2023). Données des ventes de détail de la viande d’agneau

Proviande (2023). Données des ventes de détail de poisson

Willer DF, Robinson JPW, Patterson GT, Luyckx K (2022) Maximising sustainable nutrient production from coupled fisheries-aquaculture systems. PLOS Sustain Transform 1(3): e0000005. https://doi.org/10.1371/journal.pstr.0000005