14 mars 2024 — Communiqué de presse

Loi sur le CO2: le Parlement place la politique climatique sur un terrain instable

Le bras de fer autour de la révision de la loi sur le CO2 a duré jusqu'à la conférence de conciliation. La proposition du Conseil fédéral, déjà insuffisante, a été affaiblie par la majorité de l'UDC, du PRD et du Centre au Conseil des États, à tel point que le squelette de loi restant ne peut plus satisfaire aux exigences de l'Accord de Paris sur le climat. 

©
Le glacier d'Aletsch en 2014

Patrick Hofstetter, spécialiste du climat au WWF Suisse: 

«Le Parlement a, encore une fois, affaibli la loi sur le CO2 et fait ainsi fondre la politique climatique suisse. Si la Suisse veut prendre au sérieux ses propres objectifs et ses engagements internationaux, elle ne doit en aucun cas en rester là.» 

 Au lieu de s'attaquer enfin de manière efficace à la réduction des émissions suisses, qui restent élevées, Berne continue de miser sur des projets de compensation à l'étranger, controversés dans le monde entier. Ainsi, près des deux tiers de l'écart par rapport à l'objectif de 2021 à 2030 devraient être comblés par cette forme de commerce d'indulgences.

Les émissions nationales ne devraient donc pouvoir être réduites que de 30% d'ici 2030 par rapport à l'année de référence 1990. L'objectif obligatoire pour la Suisse dans le cadre de l'Accord de Paris est pourtant de 50%. Jusqu'en 2020, une réduction de 20% a pu être atteinte. Une grande dette de CO2 reste donc à rembourser. 

Le WWF s'engage donc pour que d'autres révisions de la loi soient immédiatement lancées, qui permettront de réduire encore les émissions d'ici 2030. Par exemple par des incitations à l'électrification des camions ou le droit à des stations de recharge pour les voitures électriques. Les cantons doivent également jouer leur rôle. Par exemple en transposant rapidement les nouveaux projets de la Conférence des directeurs de l'énergie dans leurs lois sur l'énergie afin de réduire les émissions dans le secteur du bâtiment. Sinon, d'ici 2030, beaucoup d'argent de la caisse fédérale ira dans des projets parfois douteux à l'étranger, au lieu de faire avancer la décarbonisation nécessaire en Suisse. 

D'ici 2030, l'écart par rapport à l'objectif devrait être de dix millions de tonnes de CO2 par an, ce qui ne pourrait être corrigé qu'en remplaçant prématurément les installations et les véhicules, et donc en portant atteinte aux droits de propriété. Il n'est pas nécessaire d'en arriver là si de véritables solutions sont mises en avant à Berne et ne sont pas repoussées aux calendes grecques.  

Une analyse approfondie de l'état de la politique climatique suisse est disponible ici.  

Contact: Pierrette Rey, porte-parole du WWF Suisse, tél. 021 966 73 75, pierrette.rey@wwf.ch